Simon Cohen, avocat de la défense : «Il n’y a ni mobile, ni arme du crime»

Vous évoquez une «erreur judiciaire». Pourquoi ?

En 3 ans et demi d’instruction, pas un élément contraire n’a été apporté aux points que nous soulevons. En France, en matière de crime de sang, on s’accroche à un détenu provisoire comme à une proie avec l’énergie du désespoir. La culpabilité devrait résulter des preuves mais on fait l’inverse.

Quels sont les éléments à décharge ?

Pour commencer, l’incertitude de l’heure du crime puisque la température du corps n’a pas été prise. On parle d’un délai de 12 à 24 heures, voire de 36 heures car il faisait froid. Elle a sans doute hurlé mais personne ne l’a entendue. Ce qui pose la question de savoir si les faits n’ont pas eu lieu le matin, quand tout le monde se trouvait au travail. Et les voisins de la victime ont été formels lors de leurs nombreuses et interminables auditions.

Mais l’erreur est humaine…

Ils l’ont vue de très près. On les a charcutés mais leur version est constante. La femme du couple explique qu’elle échangeait ce jour-là sur Facebook avec une amie avant de se rendre à un rendez-vous. Maureen est allée rapidement à sa voiture pour récupérer quelque chose. Elle a juste enfilé un jogging pour ne pas sortir en tenue de nuit. Elle s’est ensuite fait coincer dans sa chambre, certainement par un rôdeur. Elle portait encore ses lunettes et ne mettait que ses lentilles à l’extérieur : c’était le matin. Et il n’y a aucune empreinte sur la baie vitrée.

Que révèlent les expertises sur sa personnalité ?

Elle est incompatible avec les faits : il est calme, introverti et intelligent. Son père, qui était policier, est décédé d’un cancer quand il avait 23 ans et il a un frère très lourdement handicapé.

Et son ADN mélangé à celui de la victime ?

Comme l’a déjà relevé la Cour de cassation, cela ne signifie pas forcément qu’ils ont été déposés en même temps ! Au mieux, elle lavait son linge tous les 15 jours et selon certains experts, un ADN peut persister jusqu’à 3 ans. Je rappelle que ce crime a été une véritable effusion de sang mais on a désossé sa voiture et rien trouvé. Rien ! Il aurait donné son ADN en mai 2015 sans rechigner et attendu patiemment juin qu’on vienne le chercher ? Ce n’est pas cohérent. Et il n’y a aucun mobile ni arme du crime.

Dans quel état d’esprit aborde-t-il ce procès ?

Il n’existe plus, c’est fini ! Il ne se suicide pas car il est déjà mort. Il répète seulement : «Je ne peux pas être condamné, je suis innocent».

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